Jeux sans frontières : les populations frontalières dans le Sud-Est de la Turquie
In: Maghreb, Machrek: revue trimestrielle = al- Maġrib wa-ʾl-mašriq, Band 201, Heft 3, S. 91-117
ISSN: 2271-6815
Depuis l'avènement de la république en Turquie, l'État central cherche à nationaliser, unifier à la fois le territoire et sa population au moins de deux manières. D'une part, il renforce ses frontières extérieures et, d'autre part, il présente les groupes ethniques comme des « menaces » intérieures. Le département de Mardin, situé au sud-est du pays à la frontière de la Syrie et de l'Irak, constitue une sorte de laboratoire pour comprendre à la fois les effets de cette politique et les stratégies de résistance développées par les populations frontalières. Après avoir livré quelques propriétés historiques de cette région, cet article montre qu'en dépit de l'existence de nouvelles frontières physiques, les groupes maintiennent des rapports à travers les activités de contrebande, la circulation de la main-d'œuvre et les échanges familiaux. Il explique également comment les différentes communautés tentent de déjouer la politique de l'État central en affirmant des spécificités territoriale, linguistique, religieuse et même professionnelle à travers la mise en place d'une division du travail liée au groupe d'appartenance.